"Pourquoi est-ce qu'on n'inventerait pas un signifiant nouveau?"
Le sommeil, quand il ouvre les portes du rêve, nous ramène étrangement, comme sous l'impulsion de vagues successives, vers ce hors-lieu -ce non-lieu?- qu'est "le réel". Dans son Séminaire XXIV intitulé "L'insu que sait de l'une-bévue s'aile à mourre" Jacques Lacan en appelle au poète, au "dormant"(le mot est de Salah Stétié) dont le rêve est celui d'une langue neuve - cette langue qui fait de lui un "voyant"- au moyen de laquelle, par éclats, soudain, s'entrevoit, si brusquement, mais si présent, comme en arrêt sur le temps, l'impossible spectacle... juste avant que, déjà, submergé à nouveau, l'à peine éveillé s'y noie pour s'endormir encore.
SEMINAIRE LIVRE XXIV :
"Il n ' y a aucun cas de réveil." Mais : "Dès que l'homme dort, il est une bévue à tour de bras". Mais : " ça ne présume aucun réveil." "Il est sûr qu'on est très réveillé que si ce qui se présente et représente est, je l'ai dit, sans aucune espèce de sens". Or, (et où il est question de notre désir) nous rêvons d'hors : "Un signifiant nouveau, celui qui n'aurait aucune espèce de sens, ça serait peut-être ça qui nous ouvrirait à ce que, de mes pas patauds, j'appelle, j'appelle le réel".
"Un signifiant qui n'aurait, comme le réel, aucune espèce de sens. On ne sait pas, ça serait peut-être fécond. Ca serait peut-être un moyen de sidération en tout cas."
*******************************************************************************************************