C'est un matin sans couleurs Comme une offrande au noir Dense C'est la danse formelle des corps Sous leurs visages-masques figés. Ces yeux sont sans appel, Leur sourire gommé d'un seul passage, D'aile éperdue - infidèle. C'est un lieu pour la pluie, Une...

Je marche au bord du monde qui ressemble à la mer, Je marche au bout du monde qui n'est plus que le mien, Je vais dans le désert jusqu'aux yeux d'horizon... Je marche sur le fil des mots que je tends Je réponds à moi-même et j'entends qui crépite l'écho,...

Diaphane espérance Phare âpre Horizon sans champ à faucher Seul cri d'oiseau de sel et de roc Ardent scintillement du ciel nocturne La mer est déchirée Son jupon bleu à l'infini Vague Rotonde Taire l'obsession du cercle Avant le temps court plus vite...

L'oeuvre de Christian Bobin se tisse à partir de ces deux mots : L'AMOUR et LA SOLITUDE. En écho à Eluard qui juxtapose volontairement ces termes, l'écrivain-poète voit dans l'écriture le moyen privilégié d'approcher ce qu'il en est de notre quête de...

Corps sans vie raturé Corps sans vie debout marchant vers La mort du corps sang vie S'y délaçant des traces de ses pas mêlés au sable du désert S'y dessinant signes pour signes à un autre futur Dans le désert où tout fait signe M.M.

Silence. Blancheur translucide du soleil Surexposée la peau comme Superposition de voiles cachant /révélant Les os et leurs jointures Silence des mots ravalés, des feux éteints. Reste un murmure de braises barbouillé de cendres Un visage sali la bouche...

Je marche immobile Je me tais hurlant Dans ma tête muette des bras se meuvent et cherchent prise Des jambes s'entrechoquent. C'est un cauchemar et c'est la nuit et C'est le halo pâle d'une lanterne à mi-chemin du rivage J'habite une maison de pierre et...

Parole d'origine, Mi-murmure mi-plainte Parole blessure vive En territoire de terreur Taire le mot jamais encore prononcé, Remonté de l'estomac à la bouche Entre les dents du jour qui point, Entre dedans et dehors, Dans le noeud à défaire, sur le fil...

L'île Noire sous le fusain des nuits, comme un nénuphar qui se ferme aux rayons des lèvres, L'Ile Noire sous la cendre des nuits, sous la mémoire des ombres à la racine d'un rêve... Et l'homme à la main d'argile, à la glaise des vies comme aux lèvres...