Robinson, mon frère

Publié le par lepharedesmots


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Robinson, seul lové sur la pierre froide de la caverne-matrice,
Seul lové. La pierre épousant les contours de ton corps - mais froide,
et tu la rêves irriguée et parlante.

Robinson, mon frère de sang et de sans, comme toi, je m'obstine,
contre toute raison, à frapper ma tête contre la pierre froide, à
y chercher le rythme vivant d'un battement de coeur,
Comme toi ; je m'obstine et frappe, et cherche
la nuit du sommeil pour me faire croire qu'une pierre froide n'est
pas tombeau - mais vie - mais renouveau possible. Je frappe.
Je frappe.
Je frappe.

                                            
M.M.


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Publié dans POEMES

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L
<br /> Un combat contre l'impossible d'un retour à la mère, doublement impossible, cette mère étant morte. Dès lors, la pierre reste froide. Il est intéressant de lire ou relire dans Vendredi ou<br /> les limbes du Pacifique de M. Tournier ce passage où Robinson, qui se trouve dans l'isolement le plus total depuis plusieurs mois, découvre une grotte dans laquelle la pierre épouse parfaitement<br /> les contours de son corps, il s'y love alors comme un foetus dans le ventre maternel. C'est une régression momentanée. La conscience du temps s'interrompt, les yeux se ferment, le rythme<br /> cardiaque est ralenti. Illusion d'éternité dans la nuit sans nom, d'avant les mots.<br />
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B
<br /> Mais le ton de votre prose semble plutôt évoquer un combat, une rage ? Vous en sortez (une dose d'agressivité pour se sortir de ce qui happe) ou vous y entrez de cette cavité (isolement,<br /> déception, trop en vivre)? Loin de moi l'idée de vous réduire à un trait. Au contraire et comme vous le savez, ce qui regarde, interroge est aussi subjectif alors, n'y voyez aucune<br /> arrogance.<br />
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B
<br /> Anecdote au passage. Il semble que les géologues qui travaillent à l'exploration des chemins sous-terrains (des grottes) doivent maintenir un rythme de sommeil et de vie régulier (comme au<br /> dehors) sans quoi la cavité qui accueille en silence enlise lentement les corps au rythme de ses millénaires. Un peu à l'image de Morphée qui endort les vigilances, le corps<br /> humain captif des parois semble naturellement s'harmoniser à une temporalité propre à l'éternel.<br />
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L
<br /> C'est vrai, Adamante, la pierre est accueillante, vivante, mais il faut, pour accepter de le ressentir, être tourné(e) vers la vie. On n'est malheureusement pas toujours du côté de la<br /> vie. Merci pour votre passage. Bonne journée.        Cosima<br />
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A
<br /> La pierre est pulsation,  vibration,  palpitation d'une autre forme de vie et qui parle lorsqu'on lui offre abandon et accueil. Amicalement.<br />
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