Les heures
"Le coeur de la vie était comme vide ; une mansarde."
(Virginia Woolf, Mrs Dalloway)
Les heures spoliées de temps vierge
Frondent la mort dans sa cage dorée,
Leur nostalgie corrosive rouille les barreaux
Du chant,
Les heures sordides jouent à élimer
Les rires purs, elles battent rageusement
Le pavé de l'existence semée de roses
Ecorchées,
Les heures comptées baguent les ailes du temps
D'alarmes digitales et s'époumonent jusqu'à l'aphonie,
Elles se heurtent au plexiglass des guichets de bureau,
Aux psalmodies du ressassement,
Les heures ressac bouclent la chevelure du temps,
Tissent et retissent la trame des vies inachevées,
Promènent une langueur de vagues sur les visages
Vieillissants,
Les heures vécues échafaudent des palais
De balsa, échangent des baisers serments
Ephémères comme un sourire, le soir, le parfum d'une fleur,
Déposent une feuille d'érable entre deux poèmes
Séchées,
Les heures scandent encore le temps du passage
Au coeur muet du suicidé.
M.M.