La Nuit fauve
Incandescente Nuit,
Toi qui étreins la pâleur de la lune,
Toi qui enveloppes de tulle les mains errantes du malade
Et qui berces les songes du repos,
Incandescente Nuit,
Ton écho rugit puissamment sous les voûtes
Anciennes, les lentes craquelures des toiles peintes,
Le miroir ébréché porte ta cicatrice en médaillon,
Incandescente Nuit,
Toi qui déroules les vagues chevelures de la mer
Murmurante, Toi qui soupires dans les mâts hâleurs
D'histoires lointaines, dans la gorge des oiseaux s'ébruite
Ton antienne avant l'aurore aux berceaux de pourpre,
Incandescente Nuit,
Sur ta page Vierge noire je lis le pacte
Phoenix, l'univers au chant unique, au souffle
Fauve, Nuit-guépard, guetteuse infatigable,
Epie le moindre mot bruissant la mort des feuilles,
Asséchant les rivières, assassinant la course effrénée du cerf,
Ecoute, fixe ton oeil sauvage sur les tueurs de beauté,
Ne respire plus, écoute encore une fois ton coeur
Prisonnier - et bondis !
M.M.
